Catégorie : Etude historique et généalogique

  • Généalogie Roquefeuil – Cabinet d’Hozier

     

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  • Dossiers bleus – Extraits – familles de Roquefeuil d’Anduze, de Versols et de Blanquefort

     

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  • Histoire Généalogique des Roquefeuil par Fulcran de Roquefeuil – Récapitulatif des ajouts et corrections à apporter à la première édition.

    Toute première édition d’un ouvrage aussi important que l’Histoire généalogique des Roquefeuil qui compte 548 pages  comporte des coquilles qui ont pu échapper à la vigilance des relecteurs.

    Vous trouverez ci-dessous les corrections et ajouts à effectuer dans chacun de vos exemplaires.

    Attention: L’index reprend la page des têtes de paragraphe.

    • page 30: Troisième ligne Dourbies et non Dourbie.
    • page 65: note 186 : Il se peut aussi que la femme (et non la fille) d’Odillon Guérin ait été Raybaude Pelet d’Alès et non pas Raimbaude d’Anduze.
    • page 96: Dernière ligne Dourbies et non Dourbie.
    • page 97: Ligne 9 Dourbies et non Dourbie.
    • page 125: § IV HUGUES … Remplacer d’Alaïs (alias Taleza) de Gensac, par d’Alaïs (alias Taleza) de Bergerac de Gensac.
    • page 133: La branche de La Salle Padiès est issue de celle de Padiès.
    • page 142: Avant-dernière ligne Remplacer quoiqu’il en soit par quoi qu’il en soit.
    • page 156: § VII ANTOINE-ALEXANDRE … Dourbies et non Dourbie.
    • page 171: MAINTENUES : 4 juillet 1633 Alphonse de ROQUEFEUIL de LA SALLE, par la COUR DES AIDES DE BORDEAUX.
    • page 183: § VI Noble MELCHIOR … Bourguine de Roquefeuil, veuve de noble Jean de Grégoire ( » feu monsieur de Lambrandès « ), à Mende (48) le 22 7 1677 [1 MIEC 095 / 4, vue 54 / 132]. Le contrat de mariage de Jean de Grégoire le 12/08/1619 avec Bourguine de Roquefeuil est passé chez me Brunel de Langogne (48) : ce notaire n’est pas aux AD48.
    • page 194: § XVI JEAN-MELCHIOR … Jean Melchior fut chevalier de la légion d’honneur à 30 ans et non à 27 ans.
    • page 194: Emilia Rampon n’a pas racheté vers 1886 le Bousquet, c’est son père Jean Eugène Rampon qui l’avait fait le 12 octobre 1874.
    • page 194: note 963, les Martinaud habitaient villa Chantilly à Montauban.
    • page 195: § XVI JEAN-MELCHIOR … Bénédicte est née à Parthenay et non à Meknès au Maroc.
    • page 195: § XVII DOMINIQUE… Jean-Melchior (II) est né le 9 décembre 1989 et non 1990. Ajouter : d’où : – 1 Joseph, né le 15 août 2019 à Paris 15e
    • page 195: § XVII DOMINIQUE… Adélaïde, Jean-Melchior, Diane et Henry sont nés à Paris XIV et non XV.
    • page 196: C’est 5 Raymond qui acheta le Bousquet en 1891, le paragraphe concenant le Bousquet doit être décalé vers la droite.
    • page 196: C’est Henri de Lanzac de Montlogis (1866-1930) qui fut propriétaire du Bousquet et non son frère Charles.
    • page 204: § – XVII. HUGUES… 3 Gaétan (Pierre,Marie), né le 6 mars 2020 au Chesnay (Yvelines),et Baptisé le 15 mars suivant à Saint-Cyr-L’École (Yvelines).
    • page 205: lire Boizard et non Boisard
    • page 207: § – XVII. ARNAUD … erreur avec la génération XVII……c’est la génération XVI.
    • page 208: § XVI HENRI … Guillaume alias Guillermo est né à Managua au Nicaragua et non au Honduras.
    • page 208: § – VI. LOUIS … erreur avec la génération VI……c’est la génération XVI.
    • page 208: § – VI. LOUIS … Lucas est né à Clermont-Ferrand, avec un « o ».
    • page 209: § XVII CHRISTOPHE … Christophe et Catherine se sont marié paroisse Saint-Séverin et non Saint-Sernin à Paris.
    • page 215: § XVIII YVES … Yves de Roquefeuil décéda le 6 août 2016 à Paris 10e.
    • page 220: § XVI Jean … Jean de Roquefeuil est chevalier de la Légion d’honneur.
    • page 220: § XVI DOMINIQUE … Dominique décéda le 22 juillet 2019 à Ploubazlanec (Côtes-d’Armor). La cérémonie religieuse a été célébrée le 25 juillet suivant en l’église de Bouère (Mayenne).
    • page 220: § XVI DOMINIQUE … Éric de Roquefeuil Montpeyroux, épousa Marie-Geneviève Gallard, fille d’Émile et de Geneviève Brebion , le 14 août 2019, en l’église Notre-Dame de Bonne Nouvelle de Paimpol (Côtes-d’Armor).
    • page 224: § XVI BERENGER … Sybille et non Sibylle, c’est mariée le 16 mars 1991 et non le 12.
    • page 224: § XVI BÉRENGER … Bérenger ne décéda pas à Nîmes où il fut inhumé mais à Valence (Drôme).
    • page 225: § XVI BERNARD … Hubert Motais de Nabonne décéda le 23 juillet 2019 à Morlaix (Finistère).
    • page 231: Première ligne 6 Béatrix dite Béatrice de Roquefeuil Montpeyroux femme de Pierre de Cugnac, décéda le 29 mars 2019, la cérémonie religieuse eut lieu le 4 avril 2019 en l’église Saint-François-Xavier à Paris 7e.
    • page 231: § XVI JEAN … Jacques Marbehant (et non Marbéhan) décéda le 30 juin 2019.
    • page 231: § XVII GONZAGUE … 2 Nathanaël épousa Clara Goupy, fille de Nicolas et de Christine (née Rogier) 24 août 2019 en l’église Saint-Martin de Gouzon (Creuse).
    • page 233: § XVII CHRISTIAN … lire « Laborde Barbanègre » et « Saugnac-et-Cambran » d’où : 1 Éléonore, née le 10 décembre 2019 à Bordeaux (Gironde).
    • page 234: § XVI BERTRAND … Il décéda décéda le 7 avril 2019, la cérémonie religieuse eut lieu le 12 avril suivant en l’église Saint-Louis-des-Chartrons, Bordeaux Gironde.
    • page 235: § XVII YANN … 2 Clémence de Roquefeuil Montpeyroux épousa Tanneguy de Vautibault, fils de Benoît et de Béatrice (née Roche) le 27 juillet 2019, en l’église Saint-Jean de la Chaîne à Châteaudun (Eure-et-Loir).
    • page 238: § XVI. TRISTAN … 2 (Gracianne….. mariée le 22 avril 1978 à Villers-en-Arthies (et non pas Villiers).
    • page 239: § – XVII. YANN … 1 – Till ( au lieu de Thil ) né le 23 mars 1996 240 § XV Max … Gilles di Pace décéda le 13 août 2013, cérémonie religieuse a été célébrée le 16 août 2019, en l’église Saint-Pierre-ès-Liens de Préchac (Gironde).
    • page 242: § XVII Loïc … 2 (Gilonne) Léonore épousa Victor Gaeremynck, fils de Jean et de Marie Élisabeth (née Gagneux) , le 20 juillet 2019 en l’église Saint-Pierre de La Sauve Majeure (Gironde).
    • page 242: § XVII LOÏC … 3 Émilion épousa Daphné de Lencquesaing, fille d’Emmanuel et de Valérie (née Le Proux de La Rivière), le 7 septembre 2019 en l’église Saint-Pierre de La Sauve Majeure (Gironde).
    • page 242: § XVII LOÏC … 4 Elvire (Aymardine) épousa Paul-Henry Barth, fils d’Antoine et de Béatrice (née Nérot), le 1er juin 2019 en l’église Saint-Pierre de La Sauve Majeure (Gironde).
    • page 277: § XV VICTOR … 2 Marie Amélie, décéda le 5 décembre 2019 278 § XVII HUGUES … Claire épousa Étienne Vulin, fils de Dominique et de Chantal (née Olivier), le 24.
    • page 282: § XIII TOUSSAINT de Roquefeuil avec un « f ». 0.
    • page 290: § XVI JEAN-FRANÇOIS … Il décéda le 16 février 2019 à Saint-Jean-de-Verges (Ariège), la cérémonie religieuse eut lieu le 20 février à Escosse (Ariège).
    • page 297: 2 Alphonse épousa Marguerite de Madailhan (sans Lesparre) fille de Marc et d’Isabeau de Parreau, par contrat du 15 octobre 1629 au château de Couyssels, à Roquedor (Tarn-et-Garonne):. Le mariage devait avoir lieu à l’église Catholique (Maurice Campagne, Histoire de la maison de Madaillan, 1076 à 1900).
    • page 297: 2 Alphonse et sa femme Marguerite de Madailhan furent maintenus nobles par sentence d’élus, confirmée par la cour des aides de Bordeaux le 4 juillet 1633 (AD 33, 2 B 90).
    • page 297: 3 Alphonse (fils de 2 Alphonse) fut marié à Marguerite de Geneste. Ils moururent en 1679 à Cogulot (Dordogne) respectivement les 31 mars et 27 août. Il figure dans un état des instances de la recherche de la noblesse de la cour des aides de Paris entre 1662 et 1664 (AN Z1a 407).
    • page 298: 10 Marc-Antoine reçut du roi le don d’une source d’eau minérale à Cransac (Aveyron) en octobre 1661 (AN O1/11).
    • page 314: § XIV JACQUES (JOSEPH) GERMAIN baptisé Antoine Germain !
    • page 333: § XIV (ALPHONSE) JULIEN (ERNEST) 2 (Jean,Abel) Alphonse décéda à Toulouse (Haute-Garonne) le 6 septembre 1989.
    • page 334: § XIV HENRI … 2 Yvette, elle décéda à Rullac-Saint-Cirq (Aveyron) le 21 septembre 1906.
    • page 334: § XIII (JEAN, BATISTE) FÉLIX 6 (Florine) Germaine elle décéda le 22 juin 1982 à Sète (Hérault).
    • page 335: § XV HENRI … 2 Yoland … il décéda à Centrès (Aveyron) le 4 avril 2014.
    • page 347: § XV LOUIS … 3 Camille Le Bourdon décéda le 27 décembre 2018 au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), la cérémonie religieuse fut célébrée en l’église Saint-Martin.
    • page 348: XVI OLIVIER … Isabelle Renée-Bazin est décédée le 7 août 2014 et non 1944.
    • page 354: § XV ARNAUD … Arnaud et François son frère furent arrêtés par les Allemands à Boucéel le 9 juillet 1944. Le bombardement d’un pont stoppa le train qui les envoyait en déportation. Ils furent ainsi sauvés de celle-ci. Arnaud à partir de l’âge de 6 ans réalisa une bande dessinée de toute sa vie. Un film en fut tiré pour FR3 Normandie, et devait passer à la demande du président Macron sur la chaîne nationale en novembre 2019.
    • page 355: § XVI PIERRE … 1 Bruno est né le 10 Juillet 1982, et non 1981.
    • page 355: § XVI RÉGIS 1 Ian à un fils Nils né vers 2000.
    • page 358: § XVI ALAIN… Christian Le Cordier de Bigars de La Londe et non Christophe de La Londe.
    • page 365: 6 Odette Branko Prpic décéda le 10 mars 2019.
    • page 389: § XVI HUBERT … il décéda le 21 août 1988, à Valence ( Drôme).
    • page 389: § XV MAXIME … 1 Raymonde (Blanche, Émilienne) née le 26 avril 1913, à Paris 19, Elle décéda le 02 avril 2005, à Bielefeld en Allemagne (Allemagne), mariée le 1er février 1936 à Georges Bérard à Conflans-Sainte-Honorine 2 Jacqueline Marcelle, née le 22 octobre 1916, à Paris 14e, elle épousa le 12 août 1930 Émile Édouard à Conflans-Sainte-Honorine, elle décéda le 02 novembre 2012, à Louveciennes (Yvelines).
    • page 441: avant § XIII Noble JEAN … Claude de Roquefeuil semble bien avoir eu de Marie Cifre, une fille Jeanne, mariée à Pol Roquefeuil en 1616 (cf. 486).
    • page 447: § XIV PIERRE … 2 Louis, décédé le 21 janvier et non le 21 octobre, selon Hubert de Vergnette. Il pourrait s’agir en réalité de Louis, novice à l’abbaye Saint-Sauveur de Lodève, décédé paroisse Saint-Fulcran à Lodève le 2 janvier 1706 (vue 327/485).
    • page 477: Ajouter à la fin Non rattaché Sebastián de Rocafull 1618-1656, mort à Bruxelles, mathématicien cité par Pascal, ingénieur militaire (Source Wikipédia).
    • page 480: Ligne 11 Remplacer quoiqu’il en soit par quoi qu’il en soit.
    • page 486: § II POL… La lecture difficile du contrat de mariage semble bien indiquer que Jeanne de Roquefeuil est la fille naturelle de Claude, et de Marie Cifre, plutôt que Cistre.
    • page 493: § XI PATRICE … 2 Brice Roquefeuil était ambassadeur de France à Panama début 2019.

     

  • Décembre 2018: L’Histoire généalogique des Roquefeuil est parue.

    Décembre 2018: L’Histoire généalogique des Roquefeuil est parue.

     

    Fulcran de Roquefeuil, notre généalogiste familial, vient d’achever la toute première édition de « l’Histoire généalogique des Roquefeuil» !

    C’est un grand évènement et une magnifique réalisation !

    Pour ceux qui n’ont pas déjà acquis ce livre lors de la dernière Assemblée générale de l’Association « Maison de Roquefeuil Blanquefort », mais qui souhaiteraient s’en procurer un ou plusieurs exemplaires, il est encore possible de passer commande! Vous recevrez un mail de l’association « Maison de Roquefeuil-Blanquefort » et un formulaire électronique pour passer commande.

    Note de Lecture :

    La parution de « l’Histoire généalogique des Roquefeuil » est un évènement d’une grande importance pour notre famille, car un tel ouvrage manquait.

    Les généalogies Roquefeuil sont nombreuses mais souvent fort anciennes et toujours partielles. On les trouve, par exemple, dans les collections d’Hozier ou dans les nobiliaires de Barrau, de Jougla, de Courcelles ou de la Chesnay Desbois. Ces livres et documents sont conservés aux archives nationales et à la Bibliothèque Nationale de France. Toutes ces généalogies n’ont pas été assemblées, unifiées et mises à jour avec le temps tandis que notre famille s’est accrue considérablement depuis leur publication.

    Nous connaissions aussi les travaux du colonel Daupeyroux et surtout ceux, très précieux, de l’oncle Bernard de Roquefeuil-Cahuzac (notamment : « La Belle Histoire de Roquefeuil contée à nos enfants » ou « l’Appel de la mer »). Ces ouvrages passionnants sont certainement à classer dans la catégorie des œuvres didactiques sur la « Geste » des Roquefeuil et ils constituent, plus qu’une généalogie, un récit hagiographique sur les personnages les plus remarquables de notre famille.

    Avec l’œuvre de Fulcran, nous entrons dans un registre sensiblement différent : celui de l’impartialité et du caractère quasi scientifique des œuvres historico-généalogiques modernes : le style est d’une sobre neutralité, les sources sont systématiquement citées, le contexte est rappelé et une prudence de bon aloi préside lorsqu’il s’agit de formuler des hypothèses.

    Il est vrai que Fulcran n’en est pas à son coup d’essai : sa culture historique est considérable et sa connaissance des règles nobiliaires de l’ancien régime est reconnue. Il a déjà publié en 2005 « Anoblissement et Révocation de la noblesse aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles » (P. du Puy éditeur – ISBN : 2-908003-28-7). Il est l’auteur de nombreux articles dont certains très appréciés parus dans Roquefeuil-Infos. Il est enfin membre de la commission des preuves de l’ANF et à ce titre astreint et accoutumé à la plus grande rigueur.

    Ce livre est un immense travail, une somme : 548 pages de texte au format A4, 25 pages de table des matières, 2475 citations et notes de bas de page et plus de 2800 entrées d’index. C’est tout une vie de labeur qui incorpore, qui plus est, les recherches de tous les généalogistes familiaux et notamment, la préface en témoigne, les travaux et archives de feu l’oncle Édouard de Roquefeuil-Anduze et ceux de M. Guy Gintrand, grand spécialiste des archives d’Aveyron et du Tarn qui maîtrise tous les documents qui s’y trouvent concernant les Roquefeuil.

    L’ouvrage se propose de répertorier toutes les personnes ayant porté le nom de Roquefeuil.

    Il détaille méticuleusement et sans omettre aucun fragment les généalogies des trois grandes familles de Roquefeuil qui se sont succédées :

    • les Roquefeuil « anciens »,
    • les Roquefeuil-Anduze
    • les Roquefeuil-Blanquefort.

    Concernant les Roquefeuil-Anduze, il développe incidemment la généalogie de la Maison d’Anduze qui est du plus grand intérêt historique.

    De même tous les rameaux naturels, qu’ils soient légitimés ou illégitimes, des Roquefeuil-Anduze et des Roquefeuil-Blanquefort (vous serez surpris de constater combien ils sont nombreux !) sont scrupuleusement recensés.

    On trouve enfin des développements sur les familles tierces, parfois très prestigieuses, ayant porté un temps les titres de barons ou marquis de Roquefeuil, ainsi que sur les familles ayant, à la suite d’un mariage avec une Roquefeuil, accolé ce nom à leur propres patronymes et, pour finir, les biographies souvent rocambolesques de quelques réels imposteurs ayant « emprunté » notre nom.

    Certes, de l’aveu même de son auteur, l’ouvrage est une généalogie avec sa rigueur et ses renvois si caractéristiques d’une génération à l’autre. Pourtant, s’il ne constitue pas un roman que l’on lira d’un trait, les développements biographiques sont très nombreux et nous font voyager avec passion d’une époque à l’autre.

    Gloires, honneurs, fortunes mais aussi revers, désastres, disgrâces et vicissitudes familiales sont rapportées avec le talent d’un auteur qui maîtrise ses sources.

    Les ravages des épidémies, des maladies, des guerres, des révolutions rappellent à notre génération, qui n’a connu que la paix et le progrès, combien le sort des familles, même aussi nombreuses que la nôtre, est fragile.

    La Roche Tarpéienne est proche du Capitole. Tel ancêtre brave et talentueux promis au plus brillant avenir est brutalement tué lors d’une campagne. Telle branche fameuse s’éteint faute d’héritiers. L’argent peut manquer soudain aux aînés comme, plus régulièrement, aux cadets et la déchéance guette telle ou telle branche illégitime. Quel maëlstrom que l’histoire de la France et des familles françaises !

    Cet inventaire de la longue chaîne des Roquefeuil qui se sont succédés depuis le Xème siècle est souvent étonnant ou émouvant.

    On retrouve, racontés avec précision, les belles actions des héros familiaux. Citons par exemple

    • Raymond Ier de Roquefeuil-Anduze, s’adressant au Pape Innocent III pour défendre le jeune Vicomte de Béziers,
    • les démêlés de Bérenger avec les bourgeois de Castelnau-Montratier
    • les exploits des Roquefeuil marins,
    • les morts héroïques (entre autres sacrifices !) de Jean-Antoine de Roquefeuil au siège de Metz en 1552, de Charles Balthazar de Roquefeuil Cahuzac lors du débarquement de Quiberon en 1795, d’Innocent-Adrien-Maurice de Roquefeuil, à la tête de son régiment à Augsbourg en 1796, d’Aymar et d’Henri de de Roquefeuil Cahuzac pendant la première guerre mondiale, en 1915 et 1918 et enfin, d’Yves de Roquefeuil à Sétif en 1956 pendant la guerre d’Algérie.

    On découvre aussi des anecdotes ou évènements moins connus :

    • Les exploits de nos cousins Rocafull de la branche de Versols au service du roi d’Aragon et pendant la Reconquista ;
    • La grande beauté et les aventures amoureuses extravagantes de Catherine-Françoise et de Jeanne-Thérèse de Roquefeuil Cahuzac dans les années 1718.

    Mais la plus émouvante, sans doute, est l’anecdote se rapportant à Justin de Roquefeuil, dit « Jules », né en 1859, qui, sans héritage, sans situation et sans argent, vécut sur le pavé de Paris, gagnant sa vie en ouvrant les portières des fiacres. Si misérable qu’il fût, il eut les honneurs de la presse en 1912 pour avoir trouvé un objet de grande valeur et l’avoir porté au commissariat le plus proche, malgré son indigence. Pour cela il mérite non pas d’être caché mais d’être célébré car, même dans le plus cruel revers de fortune, il est resté fidèle à la devise familiale « l’Honneur me reste, il suffit » !

    Un ouvrage extraordinaire que tout Roquefeuil ou allié se doit de posséder !

    Dominique de Roquefeuil et du Bousquet

  • Avancée de la recherche historique? La Maison de Roquefeuil serait-t’elle la branche aînée de la Maison d’Anduze?


    La ravissante cité médiévale d’Anduze est située dans le département du Gard, en Languedoc-Roussillon.

    Credit photo:« FR-30-Anduze1 » par Szeder László ( Travail personnel. Sous licence GFDL via Wikimedia Commons – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:FR-30-Anduze1.JPG#/media/File:FR-30-Anduze1.JPG)

     

    Une remise en cause : les Roquefeuil constitueraient la branche aînée de la Maison d’Anduze et non une branche cadette comme on l’a longtemps pensé. Des incohérences dans la généalogie des seigneurs d’Anduze et surtout l’analyse d’actes authentiques, concernant l’annulation du mariage entre Marie de Montpellier et le comte Bernard de Comminges, nous ont conduits à remettre en cause la filiation des Anduze.

    Dans un précédent article concernant la légende des Trois Ermites (cf. Roquefeuil infos n°48), nous indiquions que Bernard VI d’Anduze, fils aîné de Bertrand d’Anduze et d’Adélaïde de Roquefeuil, continua les lignées d’Anduze et Sauve. Nous indiquions qu’il était aussi notre ancêtre puisqu’il est généralement donné comme étant le bisaïeul (arrière-grand-père) de Béatrix d’Anduze et Sauve, épouse d’Arnaud Ier de Roquefeuil. Il nous paraît maintenant certain qu’il s’agit d’une erreur et que cette filiation doit être revue.

     

    Incohérences dans la filiation Anduze et Sauve après Bertrand d’Anduze et Adélaïde de Roquefeuil

    Depuis longtemps il nous semblait incohérent et peu vraisemblable qu’Arnaud Ier de Roquefeuil (petit-fils de Bertrand d’Anduze et d’Adélaïde de Roquefeuil) ait épousé sa petite-nièce Béatrice d’Anduze (arrière-arrière petite-fille de Bertrand d’Anduze et d’Adélaïde de Roquefeuil). Même en admettant des décalages de générations et en prenant en compte la possibilité que Béatrice ait été mariée très jeune et qu’Arnaud se soit marié à un âge avancé, il en résultait un décalage de deux générations. Cela faisait beaucoup pour un laps de temps borné entre 1149 (date présumée du mariage de Bertrand et Adélaïde) et 1227 (date de mariage d’Arnaud et Béatrice). Pour bien comprendre cela, regardons précisément la filiation des branches d’Anduze et Sauve et celle de Roquefeuil. Par souci de simplification, nous parlerons de la branche d’Anduze pour Anduze et Sauve.

    Les ancêtres communs aux deux branches sont Bertrand d’Anduze et Adélaïde de Roquefeuil. La date de leur mariage se situe aux environs de 1149. Leur union sera prolifique et ils auront de nombreux garçons. Ils eurent peut-être des filles mais nous n’avons pas d’informations sûres à leur sujet. Leurs cinq garçons connus sont :

    • Bernard VI d’Anduze, époux d’Eustorge.
    • Frédolon, abbé de Saint-Victor de Marseille de 1163 à 1166 puis archevêque de Fréjus de 1166 à 1197.
    • Raymond Ier de Roquefeuil, marié en 1169 avec Guilhemette de Montpellier ; il s’agit de notre ancêtre direct.
    • Bermond, chanoine de Maguelone puis évêque de Sisteron de 1174 à 1214.
    • Bertrand, qui aura entre autre l’avouerie du monastère de Tornac (1).

    Avouerie de Tomac

    Nous rajoutons un sixième garçon que nous identifions comme :

    • Bernard VII d’Anduze, époux de Marquise.

    Côté Roquefeuil, nous savons de manière certaine que Raymond Ier de Roquefeuil, fils de Bertrand et d’Adélaïde se maria en 1169 avec Guilhemette de Montpellier, fille de Guilhem VII de Montpellier et de Mathilde de Bourgogne. A cette date, l’âge de Guilhemette est connu dans le pacte de mariage ; elle a 12 ans. On sait aussi que Raymond a entre 14 et 25 ans (âges limites pour les minorité et majorité). Raymond Ier et Guilhemette eurent au moins trois fils, dont Arnaud Ier (cf. figure 1).

    D’autre part, les généalogies de la Maison d’Anduze donnent Bernard VI comme père de Bernard VII qui eut PierreBermond VI comme fils, se maria avec Constance de Toulouse (fille de Raymond VI de Toulouse) et dont la fille Béatrice se maria avec Arnaud Ier de Roquefeuil en 1227 (cf. figure 1). Cette union est certaine et, en plus des documents conservés aux archives départementales de Nîmes, d’autres documents nous apprennent que l’original de l’acte de mariage était conservé au château de Flaugnac. De nombreux actes de Raymond III de Roquefeuil précisent qu’il est le fils de feu Arnaud de Roquefeuil, comtor de Nant, et de dame Béatrice. De très nombreux documents nous confirment que Bernard VII est bien le père de Pierre-Bermond VI et de Bernard VIII. Il n’y a donc aucun doute sur le fait que Bernard VII est l’aïeul paternel de Béatrice d’Anduze et Sauve, épouse d’Arnaud Ier.

    genealogie anduze-roquefeuil-1

    Outre l’incohérence sur le décalage de deux générations en une période de moins de 80 ans, d’autres éléments contradictoires étaient, comme on le verra cidessous, déjà connus :

    a) En mai 1189 a lieu un accord au sujet du partage du château de Brissac entre Vierne de Ganges, d’une part, et Raymond 1er de Roquefeuil, d’autre part, assisté par Bernard d’Anduze. Cet accord a lieu sous la présidence de Raymond, comte de Toulouse. Bernard est cité comme frère de Raymond de Roquefeuil et tous deux fils de dame Adélaïde. Il est aussi précisé que Bernard d’Anduze renonce au serment au titre de sa minorité. Il a donc moins de 25 ans. L’acte nous montre que Raymond Ier a un frère plus jeune, appelé Bernard, différent de son frère aîné Bernard VI.

    L’existence de Bernard VI, frère aîné, n’est plus à prouver ; de très nombreux actes en apportent la preuve, comme ceux de 1171, 1174 et 1176 où il intervient comme majeur. Dans celui de 1174, il précise qu’il est fils de dame Adélaïde. En 1178 il est témoin de l’ouverture du testament de Guy de Montpellier. Ensuite, il n’apparaît plus dans les actes. C’est Bernard VII qui apparaît dès 1181 et que nous pouvons facilement différencier de Bernard VI grâce à leurs sceaux qui sont différents et aux prénoms de leurs épouses cités dans les actes.

    b) En 1188 a lieu le partage d’une dizaine de châteaux dépendants de Roquefeuil, entre Raymond Ier de Roquefeuil et son frère Bernard d’Anduze. Ceci a lieu sous la présidence de Guillaume, évêque de Mende, et de Hugues, comte de Rodez.

    Au vu des deux actes ci-dessus, il est impossible d’assimiler Bernard VI avec le Bernard de ces actes pour trois raisons :

    • Bernard VI est l’aîné de son frère Raymond, il ne peut donc pas avoir moins de 25 ans en 1189
    • Bernard VI n’est plus seigneur d’Anduze à cette période, le seigneur est Bernard VII
    • il n’y a aucune raison à un partage des châteaux relevant de Roquefeuil entre Bernard VI et Raymond Ier.

    Nous savons aussi qu’un acte fait apparaître Bernard de Roquefeuil en 1176. A cette date, il remporte la palme d’un tournoi poétique contre Guérin d’Apchier. Pons de Montlaur est témoin de ce tournoi (il s’agit des Montlaur du Vivarais, seigneurs d’Aubenas).

    Les éléments ci-dessus nous amènent à conclure que :

    Bertrand et Adélaïde ont eu entre autres comme fils : Bernard VI l’aîné, Raymond de Roquefeuil et Bernard, cadet de ses deux autres frères.

    à la disparition de Bernard VI (à situer entre 1178 et 1181), Bernard le cadet a repris les fiefs d’Anduze et procède ensuite à un partage de fiefs et forteresses relevant de Roquefeuil. La présence de grands seigneurs (le comte de Toulouse, le comte de Rodez) proches de la famille confirme le côté délicat de ces partages.

    le partage de biens relevant de Roquefeuil s’explique par le fait que les immenses fiefs relevant de Bertrand et Adélaïde avaient été initialement partagés comme suit :

    =>Bernard VI, l’aîné, hérite des fiefs et arrière-fiefs d’Anduze, Sauve, Quissac, Sommières, Alès, etc.

    =>Raymond Ier hérite des fiefs et arrière-fiefs de Roquefeuil, Meyrueis, Brissac, vallée du Tarn, etc.

    =>Bernard, le cadet, a des droits sur l’héritage de son frère Raymond Ier. Il est appelé Bernard de Roquefeuil en 1176. A la suite de la mort de son frère aîné Bernard VI, il devient Bernard VII d’Anduze.

    =>Frédolon sera ecclésiastique (archevêque de Fréjus)

    =>Bermond sera ecclésiastique (évêque de Sisteron)

    =>Bertrand aura entre autres l’avouerie de Tornac (1).

    Il en résulte donc une forte suspicion pour que Bernard le cadet (appelé aussi Bernard de Roquefeuil) et Bernard VII soient la même personne, suspicion d’autant plus forte que Bernard le cadet fut un seigneur troubadour et que Bernard VII fut chanté par plusieurs troubadours.

     

    Les apports du procès d’annulation du mariage entre Marie de Montpellier et le comte Bernard de Comminges

    L’étude des documents du procès qui eut lieu suite à la répudiation de Marie de Montpellier par Bernard de Comminges est venue nous apporter la preuve que Bernard VII d’Anduze n’était pas le fils de Bernard VI mais son frère.

    Après la séparation de Marie de Montpellier et du comte de Comminges, un procès eut lieu en vue d’annuler ce mariage et de permettre le remariage de Marie avec le roi Pierre II d’Aragon. Sous la présidence de l’abbé de Valmagne (ordre de Cîteaux), un certain nombre de personnages importants vinrent témoigner, dont Bernard d’Anduze, dame Marquise de Roquefeuil(2), Clémence de Montpellier(3), Raymond de Roquefeuil et Arnaud de Roquefeuil.

     

    Le 8 janvier 1212, dame Clémence et dame Marquise de Roquefeuil déclarent des liens de parenté entre Marie et Bernard de Comminges mais, surtout, mentionnent que messire Bernard d’Anduze et messire Bermond, évêque de Sisteron, sont frères : « elle entendit que cela est véridique de ses prédécesseurs, de messire B(ernard) d’Anduze, de messire l’évêque de Sisteron, frère de ce dernier, de dame Marquise (4) épouse de Bernard, et de messire R[aymond] évêque de Lodève, qui sont tous de sa parentèle, … ».

    Nous savons que Bermond fut évêque de Sisteron de 1174 à 1214 et qu’il est le frère de Raymond Ier de Roquefeuil. Le texte ci-dessus nous apporte donc la preuve que Bernard d’Anduze, seigneur d’Anduze en 1212 est aussi le frère de Raymond Ier de Roquefeuil. A cette date, le seigneur d’Anduze est Bernard VII.

    Vingt jours plus tard, soit environ le 28 janvier 1212 (exactement 15 jours après la fête de la Saint-Hilaire), le seigneur Bernard d’Anduze dit sous serment « … que lui même l’a dit à Guillaume, père de la reine Marie, avant qu’il ne fasse un contrat de mariage, parce qu’ils étaient parents. Cela a été dit quand ils avaient parlé du mariage devant être contracté entre damoiselle Marie et le comte susdit ».

    Le même jour, Bernard Frainels témoigna sous serment : « que B[ernard] d’Anduze avait interdit que damoiselle Marie se marie avec Bernardon son neveu disant qu’ils étaient parents ». Le mariage ayant eu lieu en 1197 et vu les propos tenus par Bernard d’Anduze, ce dernier était donc adulte à cette date et parlait d’égal à égal avec Guilhem VII pour s’exprimer ainsi. Il n’y a donc aucun doute sur le fait que Bernard d’Anduze était de la même génération que Guilhem VII et Raymond  Ier de Roquefeuil.

    Les déclarations ci-dessus ont lieu dans un contexte trop important pour que celles-ci soient mensongères. Non seulement le procès a lieu sous la présidence de Bernard, abbé de Valmagne, mais celui-ci a reçu une commission spéciale de Raymond, évêque d’Uzès et de Arnaud, abbé de Cîteaux et légat du Pape.

    tympan cathédrale de Maguelonne

    Nous avons ainsi la preuve que le seigneur d’Anduze en 1197 et en 1212 est le frère de Bermond, évêque de Sisteron et de Raymond Ier de Roquefeuil. Comme à cette date le seigneur d’Anduze est Bernard VII et qu’il se décrit lui-même comme fils d’Adélaïde, et plus jeune que son frère Raymond, nous avons la certitude que la descendance de la branche d’Anduze, issue de Bernard VII, est cadette par rapport à la branche de Roquefeuil, issue de Raymond Ier. Il est donc clair qu’à partir de 1181, la Maison de Roquefeuil devient et reste la branche aînée de la Maison d’Anduze et Sauve.

    genealogie anduze-roquefeuil-2

    Nous corrigerons aussi ce que nous avons écrit dans le bulletin familial n°48 : nous descendons par l’intermédiaire de Béatrice, femme d’Arnaud Ier, non pas de Bernard VI, mais de Bernard VII d’Anduze. D’après les connaissances actuelles, Bernard VI n’a pas eu de descendance masculine.

    Dans un prochain article, nous relaterons ce que les témoignages contenus dans le procès d’annulation du mariage entre Marie de Montpellier et Bernard de Comminges nous apportent comme informations nouvelles relatives à notre famille.

     

    Dominique de Roquefeuil

    branche d’Auvergne

    sceau RQF1

    Notes:

    1. Bertrand pourrait être la même personne que Bernard VII mais rien ne le prouve.
    2. Marquise de Roquefeuil est la fille de Guilhem VII de Montpellier et de Mathilde de Bourgogne. Il s’agit de Guilhemette, appelée aussi Marquise. Elle est l’épouse de Raymond Ier de Roquefeuil et par conséquent la belle-sœur de messire Bernard d’Anduze et de messire Bermond, évêque de Sisteron. Elle est aussi une sœur aînée de Clémence de Montpellier.
    3. Clémence est la fille de Guilhem VII de Montpellier et de Mathilde de Bourgogne. Elle fut mariée à Rostaing de Sabran.
    4. Cette Marquise est l’épouse de Bernard VII d’Anduze, à ne pas confondre avec l’épouse de Raymond Ier de Roquefeuil

     

    Sources :

    • Etude sur la Famille Féodale d’Anduze et Sauve, du milieu du Xème siècle au milieu du XIIIème siècle, de Mlle Lina Malbos.
    • Témoignages relatifs au mariage de Marie de Montpellier avec le Comte Bernard IV de Comminges – MARTÍN ALVIRA CABRER, “Pedro el Católico, Rey de Aragón y Conde de Barcelona. (1196-1213)”, Tome III.
    • Le cartulaire de Bonneval.
    • Le cartulaire de Maguelone.
    • Archives départementales du Gard.
    • Divers actes concernant les maisons d’Anduze, de Sauve et de Roquefeuil.
    • Histoire d’Aubenas. César Fabre.

     

     

     

  • De la légende à la réalité: la légende des trois ermites.

    chateaudevivioures

    C’est par l’intermédiaire de notre cousin Thibault de Roquefeuil (branche d’Auvergne), fils d’Arnaud (V) et petit-fils de Gonzague (V) que j’ai pu prendre connaissance des travaux de Lina Malbos sur la Maison d’Anduze et de ses recherches sur les liens avec l’abbaye de Bonneval. Le résultat de ceux-ci permet de mettre une réalité historique sur l’origine de la très répandue légende des trois ermites.

    Nous avons tous, ou presque tous, entendu parler de la légende des trois ermites. Elle a même fait l’objet d’articles dans notre bulletin familial. En Languedoc, en Cévennes et en Rouergue, cette légende est très répandue et se raconte de génération en génération. Les érudits locaux l’ont souvent mise par écrit et la presse régionale la relate régulièrement dans ses éditions. Les détails de l’histoire change d’une province à l’autre mais la trame reste la même. L’histoire se passe au temps des croisades : trois jeunes chevaliers, tous frères, sont amoureux de la même demoiselle. La légende raconte que celle-ci aimait les trois frères et qu’elle n’arrivait pas à fixer son choix sur l’un d’eux. Elle leur enjoignit donc de participer à la croisade ; le plus valeureux ou celui qui reviendrait aurait son cœur et sa main. Les trois frères suivirent son injonction et les années passèrent. Enfin les trois chevaliers revinrent de la croisade, tout aussi valeureux les uns que les autres, et la demoiselle ne sut toujours pas lequel était l’élu de son cœur. Pleins de sagesse et de tristesse, les trois frères décidèrent de se retirer comme ermite et chacun alla s’établir sur une montagne des environs. Tous les ans, à la date anniversaire de leur retrait du monde, ils allumaient un brasier. On vit longtemps trois feux, puis deux feux, enfin un seul feu, et puis un jour plus aucune lueur n’éclaira les montagnes.

    La version racontée en Rouergue précise que les trois frères sont de la famille de Roquefeuil. Pour l’une des trois versions racontées dans les Cévennes, les trois frères sont également des Roquefeuil. Pour l’autre version cévenole, ils sont de la famille d’Esparon et la demoiselle est Irène de Rogues. Pour la troisième version, c’est la jeune fille qui est une demoiselle de Roquefeuil. Quant à la version répandue dans l’Hérault, la demoiselle est la fille du seigneur du château du Viviourès, situé en face du Pic Saint-Loup. Nous allons voir que les différentes versions de cette légende ont la même origine et viennent de la même réalité historique.

    Outre la trame toujours identique, les différentes versions sont toutes liées à notre famille. Au XIIème siècle, le rocher fortifié d’Esparon appartient aux Anduze et Roquefeuil. Cela est confirmé par plusieurs actes, notamment celui de 1188 qui fixe le partage de nombreux châteaux, dont celui d’Esparon, entre Raymond Ier de Roquefeuil et son frère Bernard VII d’Anduze (AD Gard – 1E 1884) : 4 des nones de septembre 1188, accord passé entre Bernard d’Anduze et Raymond de Roquefeuil, sur leurs châteaux, passé devant Guillaume évêque de Mende et Guillaume le Melchin assistant Hugues comte de Rodez,…  …par lequel il est porté à Raymond comte (ou comtor), en Esparon, six mois, trois semaines….  

    Le château de Rogues, situé sur le causse de Blandas, faisait aussi partie des possessions des Roquefeuil et des Anduze à la période qui nous intéresse.

    Quant au château du Viviourès (ou Biviourès), aussi appellé La Roquette, il fut une possession d’une branche des Roquefeuil à partir du XVIème siècle, connue plus tard sous le nom des marquis de La Roquette. Nous voyons que toutes les versions de la légende sont en lien avec notre famille.

     

    Et la réalité historique ?

    Pour cela faisons un bond en arrière de près de neuf siècles. A l’époque, Bernard IV d’Anduze est le seigneur dominant des Cévennes et de leurs piémonts Est et Sud. Il a au moins trois fils connus :

    • Bernard V, l’aîné, qui sera seigneur d’Anduze jusqu’en 1164, père de Pierre-Bernard d’Anduze, seigneur d’Anduze de 1164 à 1165.
    • Pierre-Bermond IV, qui sera seigneur de Sauve jusqu’en 1161.
    • Bertrand, le cadet, qui sera seigneur de Sauve à partir de 1162 puis d’Anduze et de toutes les possessions de la maison d’Anduze en 1165.

    Ce sont les fils de Bernard IV ainsi que son petit-fils Pierre-Bernard qui sont les acteurs historiques de la légende.

    Carte-Roquefeuil-Anduze-Sauve-Bonneval

    Le premier élément historiquement attesté se déroule en 1161. Il s’agit du retrait de Pierre-Bermond IV, seigneur de Sauve, de la vie séculière. Il se retire au monastère de Bonneval(1). Le deuxième élément prend place en 1164 : il s’agit du retrait de Bernard V, seigneur d’Anduze, de la vie séculière. Abandonnant sa seigneurie, il se retire aussi au monastère de Bonneval. Le retrait de Bernard V a lieu à la suite de l’affaire du « péage ».

    Deux ou trois ans auparavant, Bernard Pelet et Bernard V d’Anduze avaient établi un péage en commun très onéreux. Le seigneur Guilhem VII de Montpellier, le comte de Toulouse et l’évêque de Nîmes s’y étaient opposés et avaient fait appel au pape. Celui-ci désavouant le péage, Bernard Pelet et Bernard V d’Anduze le suppriment. Bernard V va plus loin, il abandonne son fief d’Anduze et toutes ses dépendances. Il entre comme moine à Bonneval et laisse la seigneurie d’Anduze à son fils Pierre-Bernard. Celui-ci, majeur de plus de 14 ans mais mineur de moins 25 ans, est confié par son père à la tutelle de Guilhem VII de Montpellier. Le troisième élément a lieu en 1165 : Pierre-Bernard quitte lui aussi la vie séculière, abandonne son fief d’Anduze et rejoint son père et son oncle comme moine à Bonneval.

    Ainsi, en l’espace de quatre ans, trois chefs de la Maison d’Anduze abandonnent leurs seigneuries et entrent comme simples moines à Bonneval. Voilà qui sont nos trois frères de la légende (dans la réalité, deux frères et le fils de l’un d’eux) qui quittent leur vie de chevalier pour devenir ermites : Bernard V, Pierre-Bermond IV et Pierre-Bernard !

    Le cadet, Bertrand d’Anduze, qui à l’origine est, entre autres, seigneur du Luc pour ce qui vient des Anduze, reprend à partir de 1161 la seigneurie de Sauve, puis, à partir de 1165, celle d’Anduze, et bien évidemment la multitude de fiefs dépendants d’Anduze et Sauve.

    Bertrand d’Anduze s’était marié vers 1149 avec Adélaïde de Roquefeuil, héritière de sa maison. Par mariage il était devenu seigneur-consort des biens et fiefs de la première maison de Roquefeuil. En quelques années, le voilà à la tête d’immenses fiefs d’une superficie supérieure à celle d’un département français. Il s’agit d’un ensemble uni, établi sur la partie sud-est de l’Aveyron, la partie nord-est de l’Hérault, la moitié ouest du Gard, le tiers sud de la Lozère, la partie sud-ouest de l’Ardèche et la pointe sud de la Haute-Loire.

    Bertrand et Adélaïde auront au moins cinq fils :

    • Bernard VI d’Anduze, qui continuera les lignées d’Anduze et Sauve(2).
    • Raymond Ier de Roquefeuil, qui reprendra les biens venant de sa mère ainsi que la baronnie de Meyrueis et des biens situés dans l’Hérault (Brissac, etc…) ; il s’agit de notre ancêtre direct.
    • Frédolon, futur abbé de Saint-Victor de Marseille puis évêque de Fréjus.
    • Bermond, qui sera évêque de Sisteron.
    • Bertrand, cité en 1189 comme frère de Raymond Ier de Roquefeuil, et mineur de moins de vingt-cinq ans. Il aura entre autres l’avouerie du monastère de Tornac.

    Nous ne saurions que trop identifier la demoiselle de la légende comme étant Adélaïde de Roquefeuil, épouse de Bertrand d’Anduze.

    Rocherdesparron

    La vie à Bonneval de nos trois lointains oncles nous est connue à travers divers actes. En 1168, Pierre-Bernard et Pierre-Bermond IV sont témoins de la donation faite par l’évêque Hugues de Rodez à l’abbaye de Bonneval. Après cette date, nous n’avons plus de mention de Pierre-Bernard. Il mourut jeune après une vie exemplaire de piété. Une chronique du temps rédigée par le moine Herbert(3) vers le milieu du treizième siècle nous relate la vie de Pierre-Bernard à Bonneval : « Fuit in coenobio praedicto quidam monachis, Petrus Bernardi Filius de Andusia vir bonne simplicitatis… ». Elle nous confirme que Pierre-Bernard, fils du seigneur d’Anduze, qui après avoir vécu trente ans dans l’habit séculier mais « non pas séculièrement, en conservant son innocence jusqu’à sa vieillesse », fit sa conversion, donnant à Dieu son corps dépouillé de toute souillure, et se fixa à Bonneval, fondée par son oncle (l’évêque de Cahors) près de l’église où celui-ci était mort et que son propre père (Bernard VI) avait fait construire en partie. Il s’y livra à la prière et aux mortifications, obtenant même un jour de moisson à Pussac, la vision de la Vierge, accompagnée de sainte Elisabeth et sainte Marie-Madeleine qui paraissaient descendre vers l’église Notre-Dame de l’abbaye et dont les noms furent révélés par un vieillard qui n’était autre que saint Paul l’Ermite. Pierre-Bernard fut enterré dans l’église abbatiale où un tombeau lui fut construit.

    En 1171, Bernard VI, seigneur d’Anduze, donne treize mas à l’abbaye de Bonneval. Pierre-Bermond IV est témoin de la donation et, dans l’acte, se dit l’oncle de Bernard VI. Plusieurs autres actes font mention de Pierre-Bermond IV comme moine de Bonneval.

    Abbaye de Bonneval

    Nous pouvons nous interroger sur le choix de Bonneval par les trois seigneurs d’Anduze et de Sauve pour prendre l’habit monastique. Nous savons que Pierre-Bermond IV, encore laïc et seigneur de Sauve, était en 1154 le premier témoin de l’accord passé entre l’abbé de Mazan, au sujet de Bonneval, et Bégon, maître de la milice du Temple d’Espalion. Nous le retrouvons encore témoin de deux donations faites à Bonneval, l’une par Bénavent et l’autre par Pons de Saint Urcize. N’oublions pas que Pierre-Bermond IV est un proche parent de Guillaume de Calmont d’Olt, évêque de Cahors et fondateur de Bonneval. Ainsi son entrée à Bonneval n’est pas un hasard mais répond à son désir de conversion vers Dieu après avoir largement favorisé l’implantation de cette abbaye. La chronique rédigée par Herbert nous apprend que Bernard V avait contribué à la construction de l’église Notre-Dame de Bonneval. Il semble donc que sous l’impulsion de leur oncle, évêque de Cahors, les seigneurs d’Anduze et de Sauve ont favorisé l’implantation de l’abbaye de Bonneval avant de la rejoindre comme simple moine.

    Depuis l’entrée des seigneurs d’Anduze et de Sauve à Bonneval, la branche d’Anduze de notre famille a concentré ses donations sur Bonneval. En 1166, Bertrand d’Anduze-Roquefeuil fait une donation de terres situées près d’Anduze à l’abbaye de Bonneval. Ces terres formeront la grange monacale de Montagut. En 1171, Bernard VI fait une première donation à Bonneval puis, en novembre 1176, une deuxième donation à la même abbaye. En 1181, c’est Bernard VII qui effectue une donation. Il la renouvelle en octobre 1184. En février 1215, encore une donation faite par Bernard VII et Pierre-Bermond VI (époux de Constance de Toulouse). En 1226, c’est Sybille d’Anduze qui fait une donation à Bonneval. Bref, toute une série de donations qui montre l’attachement de la maison d’Anduze à l’abbaye de Bonneval.

    Ainsi comme l’a écrit Lina Malbos « la découverte inattendue, dans un Cartulaire du Rouergue, d’actes de donation, en plus de notations intéressantes, prouvant que trois seigneurs de la maison d’Anduze étaient moines en même temps dans cette abbaye de Bonneval », nous permet de connaître la réalité historique de cette légende qui a pour origine notre famille.

     

    Nous ne saurions oublier le renoncement à la vie séculière, à la puissance, aux honneurs et à la richesse, fait par ces trois membres de notre famille. Puisse cela nous rappeler que notre passage sur terre n’a pas pour objectif d’accumuler les biens, honneurs, pouvoirs ou plaisirs, mais de nous tourner humblement vers notre Créateur et de savoir servir nos frères humains.

     

    Dominique de Roquefeuil
    (branche d’Auvergne)

     

     

    Notes :

    1—L’abbaye de Bonneval, située en Rouergue, à quelques kilomètres au Nord d’Espalion, fut fondée en 1147 par l’évêque de Cahors, Guillaume de Calmont d’Olt. A sa demande, l’abbé de Mazan envoie Adémar (ou Azémar) avec sept moines. Des générations de moines cisterciens se succèdent sans interruption à Bonneval jusqu’ à la Révolution. Suite à l’expulsion des moines en 1791, l’abbaye reste abandonnée pendant quatre-vingt quatre ans. En 1875, les moniales trappistines de Maubec arrivent à Bonneval et relèvent l’abbaye de ses ruines. Les moniales sont toujours présentes à Bonneval. Elles mènent une vie simple, cachée et laborieuse où rien n’est préféré à la louange de la gloire de Dieu.

    2—Bernard VI d’Anduze est aussi notre ancêtre puisqu’il est l’aïeul de Béatrix d’Anduze et Sauve, épouse d’Arnaud Ier de Roquefeuil.

    3—Herbert, originaire de Léon (Espagne), fut moine à Clairvaux, abbé de Moriés, puis évêque de Torres (Sassari) en Sardaigne. Il mourut vers 1279. Il rédigea la chronique De Miraculis.

     

    Sources :

    • Etude sur la Famille Féodale d’Anduze et Sauve, du milieu du Xème siècle au milieu du XIIIème siècle, de Mlle Lina Malbos.
    • Le Rouergue au Premier Moyen-Age.
    • Le cartulaire de Bonneval.
    • Archives départementales du Gard.
    • De Miraculis, du moine Herbert.
    • Divers actes concernant les maisons d’Anduze, de Sauve et de Roquefeuil.
    • Religion Populaire en Cévennes, d’Adrienne Durand-Tullou.

     

     

     

  • 1215 – Raymond II de Roquefeuil intervient au IVème concile de Latran

    papeinnocent3

    En 1215, il y a exactement 800 ans, Raymond II de Roquefeuil intervenait au quatrième concile de Latran pour plaider la cause de Raymond Roger Trencavel, dépossédé de ses biens par Simon de Montfort. 

    La généalogie des seigneurs de Roquefeuil, d’abord chez une branche des Anduze, puis chez les Pujols de Blanquefort, n’est établie de manière continue que depuis le mariage vers 1129 (ou 1140) d’Adélaïs de Roquefeuil avec Bertrand d’Anduze, dont le fils Raymond Ier épousa en 1169 Guillemette de Montpellier. C’est peu après, il y a exactement 800 ans, qu’en 1215 se tenait le quatrième concile du Latran. Avant de relater l’intervention de Raymond II de Roquefeuil, il y a lieu de rappeler l’importance considérable pour les familles, et pour la nôtre en particulier, de ce concile.

    Reconnaissance du mariage comme sacrement

    D’un point de vue théologique le concile reconnaissait le mariage comme un sacrement (le septième). C’est-à-dire : « un signe sensible et efficace de la grâce, institué par le Christ et confié à l’Église, par lequel nous est donnée la vie divine. » Ce n’était pas reconnaitre que le mariage était indissoluble car cela avait été clairement déclaré par le Christ et constamment rappelé par la suite ; mais c’était reconnaître officiellement que le mariage était un lieu de sanctification à l’aide de la grâce. Jusque-là, certains théologiens (mais pas tous(1)) considéraient que c’était seulement le lieu où on pouvait commettre l’acte de chair sans pêcher, une sorte de pis-aller par rapport à la vie religieuse. Les Cathares, dont l’hérésie était combattue par le concile, portaient un grand mépris au mariage. Lors du concile, l’Église reconnaissait une grande dignité au mariage et par là à la famille légitime. Cette reconnaissance de la sainteté du mariage rendait plus facile la possibilité de relever un religieux de ses vœux, car le mariage lui ouvrait une autre manière de se sanctifier, même si les deux vocations conservaient leur différence de niveau(2). Ce n’est donc pas un hasard si la tradition Roquefeuil du moine relevé de ses vœux est généralement située après ce concile.

    Réduction du nombre des degrés de parenté prohibés

    Du point de vue pastoral, le concile définit le degré prohibé pour un mariage au quatrième degré, c’est-à-dire que les époux ne devaient pas avoir de trisaïeul commun, qu’ils ne devaient pas être cousins issus-issus de germains. Cela peut paraître lointain mais, jusque-là, à la suite d’une mauvaise interprétation d’un passage de l’écriture, il ne fallait pas être cousin au septième degré(3). C’est-à-dire descendre d’un des parents de l’arrière grand-père (ou de l’arrière-grand-mère) de l’arrière grand-père (ou de l’arrière-grand-mère) de son conjoint ! Personne ne peut répéter cette règle sans effort !

    À titre d’exemple, en prenant les trois alliances Roquefeuil-Roquefeuil du XXème siècle, aucune n’aurait pu avoir lieu sans dispense. Jean de Roquefeuil Montpeyroux était cousin au sixième degré de Guillemette de Roquefeuil (Auvergne) ; Louis de Roquefeuil Montpeyroux au cinquième degré de Ghislaine de Roquefeuil Montpeyroux. Si Alain de Roquefeuil Cahuzac était cousin au quatorzième degré, du côté Roquefeuil, de Mireille de Roquefeuil Montpeyroux, il l’était au sixième par les Pontbriand (mais le savaient-ils ?).

    C’était tellement loin qu’à la campagne presque tout le monde devait être dans ce cas (mais sans en avoir conscience faute de registre d’état civil). Les princes et les grands seigneurs l’étaient aussi, sauf quelques-uns qui s’étaient mariés fort loin, pour respecter la règle. Le roi Henri Ier avait dû épouser la russe Anne de Kiev. Un seigneur de Montpellier une princesse grecque, etc. C’était la mondialisation avant l’heure !

    Mais si l’un d’entre eux voulait répudier sa femme, il commandait des recherches généalogiques et, la plupart du temps, arrivait à ses fins. Parfois la parenté était découverte par une personne plus ou moins bien intentionnée et les époux, même s’ils n’en avaient pas l’intention, devaient se séparer. C’était aussi soumettre à l’autorité du pape, qui pouvait toujours accorder des dispenses, presque toutes les alliances.

    En revenant à des règles plus simples et en facilitant les possibilités d’obtenir des dérogations, l’Église stabilisait les familles. Elle permettait ainsi de se marier dans son voisinage. Ce qui n’était pas sans incidence sur les patrimoines familiaux. Par les jeux des dots et des héritages, certains auraient dû sans cette nouvelle règle s’établir très loin de chez eux, rompre avec leurs attaches familiales, et adopter des mœurs nouvelles.

    De Jean de Roquefeuil, marié en 1495, à Jacques-Aymar, dernier marquis du Bousquet avant la Révolution, aucun chef de cette branche n’aurait pu épouser sa femme, sans dispense. Augustin de Roquefeuil, dernier marquis de Cahuzac, avant la Révolution, aurait certes pu épouser sa deuxième femme la champenoise Louise Gabrielle de Flavigny, mais pas sa première femme, la tarnaise Catherine de Verdun. En remontant jusqu’à Tristan, marié en 1500 à Jeanne de Lémozi, sur neuf alliances, trois seulement auraient été possibles sans dispense ! La vie de la famille en aurait été profondément modifiée !

    L’intervention fameuse de Raymond II de Roquefeuil

    Raymond II de Roquefeuil fut entendu, bien que laïc, au quatrième concile du Latran en 1215. Voici les circonstances. Raymond Roger Trencavel était le plus puissant seigneur du Midi après le comte de Toulouse. Il était vicomte d’Albi, d’Ambialet et de Béziers, et vicomte de Carcassonne et de Razès. Bien qu’il ne fût pas cathare, il protégeait ceux-ci.

    Lors de la croisade, il fut fait prisonnier par Simon de Montfort et mourut dans un cachot en 1209, laissant un fils Raymond Trencavel. Simon s’empara de tous ses biens, déshéritant ainsi le jeune Raymond. Or Raymond Roger avait épousé Agnès de Montpellier, cousine germaine de Raymond II de Roquefeuil. Celui-ci entreprit de défendre son neveu, bien évidemment innocent de tout ce que les croisés reprochaient à son père, puisqu’il n’avait que cinq ans au moment des faits.

    Il alla donc plaider vigoureusement la cause de Raymond Trencavel devant le concile du Latran en 1215, comme le rapporte le texte suivant(4) :

     »Ramon de Rocafolhs a en aut escridat :

    « Senher dreitz apostolis, merce e pietat

    Aias d’un effan orfe, jovenet ichilat,

    Filh de l’onrat vescomte que an mort li crozat,

    En Simos de Montfort cant hom li ac lhivrat.

    Ladoncs baichec Paratges lo tertz o la mitat,

    E cant el pren martiri a tort et a pecat.

    E no as en ta cort cardenal ni abat

    Agues milhor crezensa a li crestiandat.

    E pois es mort lo paire el filh dezeretat,

    Senher, ret li la terra, garda ta dignitat !

    E si no lailh vols rendre, Dieus t’en do aital grad

    Que sus la tua arma aias lo sieu pecat !

    E si no la hi lhivras en breu jorn assignat,

    Eu te clami la terra el dreg e la eretat

    Al dia del judici on tuit serem jutjat !

    Baros, » ditz l’us a l’autre,  »mot l’agent encolpat.

    Amix » ditz l’apostolis,  »jaer be emendat »« 

     

    Ce qui signifie :

    « Raymond de Roquefeuil s’est écrié :  

    « Seigneur, vrai père, aie merci d’un enfant orphelin d’âge tendre et banni.

    Aie merci pour le fils de l’honorable comte de Béziers, tué par les croisés et par Simon de Montfort quand on le lui livra.

    Car de tiers ou de moitié ont décliné noblesse et courtoisie, depuis que, sans tort et sans péché un tel baron a été martyrisé.

    Car il n’y a pas dans la Cour, cardinal ou abbé dont la croyance soit plus chrétienne que la sienne.

    Mais puisqu’il est mort, à son fils déshérité rends sa terre et sauve ainsi ton honneur…

    Rends lui tout à jour fixe et prochain, sinon je te demanderai tout : la terre, le droit, et l’héritage au jour du jugement dernier, ce jour où tu seras jugé … »

    – « Barons » se dit-on l’un à l’autre  »il a bien présenté sa revendication ».

    – « Ami » dit le pape, « justice sera faite. » »

    Nonobstant son intervention, les croisés réussirent à faire excommunier Raymond de Roquefeuil dès 1215. Il ne fut relevé de cette excommunication qu’en 1226. Raymond Trencavel, quant à lui, ne réussit à reprendre Carcassonne que quelques années de 1216 à 1226. Il échoua de peu en 1240, et il renonça à ses biens en 1246. Il partit à la croisade et mourut peu après 1263. Il n’en reste pas moins que l’intervention de Raymond II au concile non seulement attestait l’importance de sa situation dans la société féodale mais était une des actions les plus glorieuses jamais réalisée par un Roquefeuil : défendre, envers et contre tous un orphelin, et cela en pure conformité avec  l’idéal chevaleresque.

     

    Fulcran de Roquefeuil

    sceauraymond2trencavel

    Notes :

    1-La bonté du mariage avait été défendu auparavant par les conciles suivants : Gangres (340) Tolède (Vème s) Braga (541) Toulouse, Latran II…

    2-La « vocation » au mariage est naturelle, tandis que la Vocation à la vie religieuse est un appel spécifique et surnaturel.

    3-Cette règle avait été retenue par le Concile de Rome de 1063.

    4- « La chanson de la croisade contre les Albigeois, commencée par Guillaume de Tudèle et continuée par un poète anonyme » par Paul Meyer Tomes 1 et 2.