Accès complet au site:

Articles récents

Histoire succincte de la Maison de Roquefeuil

Les Roquefeuil-Anduze

Cette première maison s’éteignit par le mariage d’Adélaïde, son unique héritière, en 1129 avec Bertrand d’Anduze. Leur second fils, Raymond, hérita de sa mère, et fut l’auteur de la seconde maison de Roquefeuil, tandis que l’aîné, Bernard, continuera celle d’Anduze.

Il épousa Guillemette de Montpellier, descendante par sa mère Mathilde de Bourgogne, du Roi Robert le Pieux, le fils d’Hugues Capet.

Son frère Guillaume VIII de Montpellier épousera la princesse byzantine Eudoxie Comnène, et leur fille, Marie de Montpellier, reine d’Aragon, substituera en 1209 et 1211 ses cousins germains Raymond et Arnaud de Roquefeuil, en cas d’extinction de la descendance de son fils, dans la succession de Montpellier

Les Anduze étaient une puissante famille établie à l’ouest du Rhône et dans toutes les Cévennes, ou ils exerçaient une pleine souveraineté au sud du Tarn, et la suzeraineté dans les vallées de l’Hérault et du Vidourle, jusqu’à la mer. Ils étaient notamment avoués de Saint-Guilhem-du-Désert.

Des études récentes montrent qu’elle était certainement une branche de la famille des comtes de Toulouse, qui étaient eux-mêmes sans doute des Carolingiens. Ils s’intitulaient marquis et princes d’Anduze, et satrapes de Sauve. Ils avaient leurs grands-officiers (chancelier, connétable, etc.). Ils battaient monnaie, comme le feront les Roquefeuil.

Ils avaient contracté de très brillantes alliances, particulièrement avec Constance de Toulouse, reine de Navarre, remariée avec Pierre-Bermond d’Anduze. Leur postérité fut désignée comme héritière par Jeanne, la dernière comtesse de Toulouse, dans son testament en 1270. Mais ils ne purent entrer en possession de cet héritage, le testament ayant été cassé. C’est en vertu de cette parenté qu’ils revendiqueront les droits de la maison de Toulouse sur la principauté de Tripoli de Syrie.

Leur branche aînée recevra de Louis XVIII, le titre de duc de Narbonne-Pelet, avec la pairie, et elle s’éteindra en 1902.

Au XIIème siècle, une religion nouvelle venue d’Orient se répand dans le sud de la France : un mélange de conceptions arabes, de traditions du magisme persan, et de vieilles hérésies mystiques. C’était l’hérésie cathare qui se développa rapidement dans tout le Languedoc.

Les “parfaits Albigeois” prétendaient à une extrême simplicité de moeurs : pour eux, pas d’Incarnation, pas de Rédemption. La procréation des enfants était un crime.

Cette hérésie progressant, le pape Innocent III organisa une croisade qui groupa les seigneurs d’au-dessus de la Loire et du Nord. On avait promis à ces croisés le partage de seigneuries languedociennes après il écrasement de l’hérésie albigeoise. Simon de Montfort, cruel personnage, assisté du légat du Pape, Pierre de Castelnau, prit la tête de la croisade; ils se rendirent odieux par la violence et la dureté de la répression. Le comte Raymond VI de Toulouse, aidé des seigneurs du Midi, même non ralliés à l’hérésie cathare, assurera la défense du Languedoc. Plus que défendre la religion, il fallait surtout défendre sa tête, son château, ses biens. Raymond II de Roquefeuil se rangea aux côtés de Raymond de Toulouse et, comme lui, fut excommunié en 1207.

Il prit part au Concile du Latran, en 1215, où il s’adressa au Pape dans des termes vigoureux  et se fit l’avocat du jeune fils de Roger Raymond II Trencavel, prisonnier des croisés de Simon de Montfort: “Seigneur, vrai père, aie merci d’un enfant orphelin d’âge tendre et banni. Aie merci pour le fils de l’honorable comte de Béziers, tué par les croisés et par Simon de Montfort quand on le lui livra. Car de tiers ou de moitié sont déclinées noblesse et courtoisie, depuis que, sans tort et sans péché un tel baron a été martyrisé. Car il n’y a pas dans la Cour, cardinal ou abbé dont la croyance soit plus chrétienne que la sienne. Mais puisqu’il est mort, à son fils déshérité rends sa terre et sauve ainsi ton honneur… Rends lui tout à jour fixe et prochain, sinon je te demanderai tout: la terre, le droit, et l’héritage au jour du jugement dernier, ce jour où tu seras jugé”…..

Les croisés, aidés des templiers et des chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, écrasèrent l’insurrection cathare avec férocité. Aussi les habitants de Béziers furent passés au fil de l’épée, les châteaux rasés, les terres dévastées. Toulouse dut capituler et Simon de Montfort s’y installa. Le Languedoc était vaincu, la liberté occitane allait disparaître.

Simon de Montfort fut tué et Louis VIII, à qui Amaury de Montfort, fils de Simon, avait cédé ses droits, vint prendre possession du Languedoc. Raymond de Roquefeuil fit sa soumission en 1226, et remit au Roi une partie de ses châteaux, en otage, et particulièrement le château de Roquefeuil sur le Saint-Guiral.

Raymond II n’eut que des filles. L’aînée épousa le comte de Rodez à qui elle apporta la vicomté de Creyssels et l’essentiel des baronnies de Roquefeuil et de Meyrueis, avec le droit de battre monnaie. Ces terres passèrent par la suite aux Armagnac, puis à Henri IV, qui descendait donc des Roquefeuil.

Mais Raymond avait deux frères, l’un était devenu abbé de Saint-Guilhem-du-Désert, et l’autre, Arnaud, continua la lignée. On raconte, mais cela est très peu probable, que le Pape Grégoire IX publia en 1227 un “bref” autorisant Arnaud, qui aurait été moine, à quitter son monastère pour épouser Béatrice d’Anduze. En effet la date de son mariage est connue et se situa en 1227, or, il est cité comme laïc dans toute une série de documents antérieurs : en 1211, dans le testament de Marie de Montpellier, en 1213, il fit une acquisition à Cantobre, en 1217, il reçut de son cousin le Roi d’Aragon, qui était également comte du Gévaudan, la ville de Marvejol en fief, il est mentionné en 1219 aux côtés du comte de Toulouse, et enfin, il est le témoin d’un acte en 1225 avec son frère aîné.

En revanche il dut être un fervent de Saint François d’Assise, car c’est a partir de lui que les Roquefeuil portèrent des cordelières dans leurs armes.

Son petit-fils Arnaud II aura la même dévotion. En effet, après avoir recueilli l’héritage de son père, il siégera en 1285 aux États du Rouergue, puis entrera en religion dans l’ordre des franciscains avant 1291, et sera le supérieur du couvent de Lunel en 1295. Il sera en 1297 moine au couvent de Gignac.

Arnaud Ier réussit à conserver, de vive force, environ un tiers de la baronnie de Roquefeuil et prit le titre de Comtor de Nant. Cela fut entériné par un accord de juillet 1233 avec le comte de Rodez.

Il eut un conflit avec les templiers du Larzac et un accord eut lieu en 1258, entre eux et Arnaud, ce qui montre que les torts étaient partagés et voici ce que disait un troubadour du Rouergue, Dieudonné de Pragues, parlant en 1233 des deux frères Raymond et Arnaud de Roquefeuil :

“Chanson, si tu peux prospérer dans les bonnes cours, Fais-toi ami des Roquefeuil en qui réside mérite et vertu”.

En plus de son fils légitime Raymond III, il eut plusieurs enfants naturels.

Le plus fameux d’entre eux fut Guillaume, qui s’attacha au service du roi d’Aragon, qui le légitima en 1263. Il fonda la branche des Roquefeuil de Versols.

Il participa, comme l’aurait fait leur père, avec son frère légitime Raymond, à la reconquête de l’Espagne et fut le lieutenant du Roi d’Aragon à Montpellier et en Murcie où il fut Adelantado Maior, c’est à dire commandant en chef. Il fut également l’ambassadeur du roi d’Aragon auprès du duc de Savoie et du Roi de France, négociant et signant le traité de Corbeil, qui établit le premier tracé frontalier entre la France et l’Aragon en 1258.

Son fils aîné, Jean, resta en France et eut des descendants brillants. Ils devinrent notamment, marquis de la Roquette et de Gabriac. Le dernier marquis de cette branche décéda en 1892. Le cadet Ramon, amiral de Sicile, resta en Espagne. De lui descendirent les Rocaful, qui devinrent grands d’Espagne et eurent de nombreuses illustrations. Une de ses descendantes fut la mère de Raymond Perellos de Rocaful, Grand-maître de l’Ordre de Malte.

Pages: 1 2 3 4 5 6 7 8 9