Histoire résumée des Roquefeuil

Un peu d’histoire…

Le nom de Roquefeuil, sans doute un des plus anciens du Languedoc, appartient à une même lignée qui connut trois grandes époques successives et qui se perpétue depuis plus de mille ans.

Les premiers ROQUEFEUIL

Les premiers seigneurs de Roquefeuil apparaissent vers l’an 900. Ils seraient issus d’une branche de la puissante Maison des comtes de Barcelone, marquis d’Espagne, qui montera sur le trône d’Aragon. Ils possédaient dès cette époque des biens considérables dans les actuels départements de l’Aveyron, du Gard et de l’Hérault et s’intitulaient barons de Roquefeuil et vicomtes de Creyssels. Le Spicilège de Dom Magnan parle d’un Roquefeuil, seigneur considérable du temps d’Hugues Capet. Il existe un ancien titre en forme de codicille, du 21 février 1002, sous le règne de Robert le Pieux, par lequel Henri de Roquefeuil fonda l’hôpital de Notre Dame du Bonheur, sur la montagne de l’Espérou. En 1032, Séguin de Roquefeuil donna à l’abbaye de Saint-Guilhem-du-désert, diocèse de Lodève, plusieurs terres qu’il possédait dans les comtés de Lodève et du Rouergue. On trouve encore, en 1080, une donation faite à cette même abbaye par Raymond de Roquefeuil. Dans les Cartulaires des abbayes de Sylvanès et de Vabres, il est souvent fait mention de plusieurs seigneurs de cette Maison qui ont contribué à la dotation de ces monastères. Cette première Maison se perpétua jusqu’à Geoffroy de Roquefeuil qui n’eût qu’une fille, Adélaïde, mariée en 1129 à Bertrand d’Anduze, seigneur d’Alais, à la condition que les enfants à naître de ce mariage porteraient à perpétuité le nom et les armes de Roquefeuil.

Les ROQUEFEUIL-ANDUZE

Le second fils de cette union, Raymond, hérita des terres de sa mère et fut l’auteur de la seconde Maison de Roquefeuil. Raymond de Roquefeuil-Anduze épousa Guillemette de Montpellier, fille de Mathilde de Bourgogne, arrière-petite-fille du Roi de France Robert le Pieux, fils d’Hugues Capet. Ses fils continuèrent la Maison de Roquefeuil et sa fille Isabeau de Roquefeuil fit un mariage non moins considérable en épousant Hugues IV de Rodez.

On sait que les Anduze était une puissante dynastie établie dans les Cévennes. Des études qui restent à confirmer avancent l’hypothèse qu’elle serait une branche de la famille des comtes de Toulouse. Comme les Anduze, les Roquefeuil, leurs cousins, battaient monnaie à l’atelier de Sommières vers 1236.

De nombreux membres de cette seconde Maison s’illustrèrent pendant la guerre des Albigeois, à la septième croisade et durant la guerre de Cent Ans. Arnaud III de Roquefeuil, notamment, fut un fidèle chevalier du Roi Jean II le Bon et combattit les Anglais en Agenais. Ce même Arnaud III est également connu pour avoir mené une guerre contre le roi de Majorque responsable de la mort d’un de ses fils. À la tête de ses hommes, il aurait attaqué et battu les troupes du Royaume de Majorque près de Montpellier. Le Pape Clément VI arbitra le conflit mais ne donna pas totalement raison à Roquefeuil qui, désabusé et superbe, déclara « l’honneur me reste, cela suffit ». Cette phrase fameuse est restée la devise des Roquefeuil.

En 1258, Guillaume de Roquefeuil, souche de la branche des Roquefeuil de Versols, est, au nom du Roi d’Aragon, le signataire du Traité de Corbeil. Une branche de cette Maison s’attache en 1263 au service du Roi d’Aragon. Ses membres s’illustrent lors de la « reconquista » de l’Espagne sur les Maures. Connus au-delà des Pyrénées sous le nom de Roccaful, ils devinrent Grands d’Espagne et comptèrent plusieurs vice-rois: de Majorque (1587), du Pérou (1682), un Gouverneur des Pays-Bas et un grand maître de l’Ordre de Malte (Ramon Perellos y Roccaful: 1697-1720).

Les aînés des Roquefeuil-Anduze s’éteignirent à leur tour lors du mariage de Catherine de Roquefeuil, leur héritière, avec Jean, seigneur de Blanquefort et de Pujols qui prit le nom de Roquefeuil. Ainsi apparut la troisième Maison de Roquefeuil.

Les ROQUEFEUIL-BLANQUEFORT

La fin du XVe siècle voit l’apogée des Roquefeuil dont les domaines, bien que morcelés et disparates, s’étendent des régions des Cévennes à la Méditerranée et du Gard à la Dordogne. Bérenger de Roquefeuil montre la puissance de sa lignée en bâtissant le château de Bonaguil (Lot et Garonne).

Les Roquefeuil participent, parfois à la tête de leur propre régiment, à toutes les guerres et campagnes des XVI et XVIIe siècles et subissent la politique royale d’abaissement de la noblesse.

En 1618, en récompense des services rendus par cette Maison, Louis XIII érige Roquefeuil en marquisat.

Les alliances de cette Maison sont alors parmi les plus prestigieuses du royaume: Maison de Bourbon, d’Aragon, d’Autriche et de Bragance; Maisons de Toulouse, de Rodez, d’Armagnac, d’Albret, de Crussol, de Comminges, d’Entraigues, de Turenne, de Séverac, de Sabran, de Tournel, de Combret, de Gourdon, de Clermont-Lodève, d’Arpajon, de Peyre, de Thémines, de Durfort, de La Roche-Fontenilles, de Montpezat, de Rabastens, de Cardaillac, de La Tour d’Auvergne, de Terrides, d’Esclars, de Rochechouart, de Coligny, d’Alègre, de La Tour et Taxis, d’Hesterhazy, de Colbert etc…

Au XVIIIe siècle, la branche aînée s’éteint mais les branches cadettes serviront les Bourbon avec honneur. On comptera dans leurs rangs un grand nombre d’officiers généraux et d’amiraux.

Jacques Aymar de Roquefeuil et du Bousquet (1665/1744), Chef d’Escadre, Lieutenant général des armées navales, s’illustre dans une exceptionnelle série de combats navals (les Orcades, Lauwick, Bressey Sound, Béveziers). Les archives de la Marine rapportent que, tout au long de sa carrière, il coula au combat plus de 20 vaisseaux et prit 14 vaisseaux de ligne à l’ennemi hollandais ou anglais dont trois à l’abordage (notamment : le HMS Hampton Court et le HMS Grafton, vaisseaux de ligne anglais de 70 canons, pris tous deux le 2 mai 1707).

Son fils aîné, Aymar Joseph de Roquefeuil et du Bousquet (1714/1782), Vice-Amiral de France, commandant la Flotte du Ponant et la place de Brest, proche des Ducs de Choiseul puis de Praslin, est l’artisan de la rénovation de la Marine Royale à la fin du règne de Louis XV.

Plusieurs Roquefeuil Blanquefort participèrent également à la Guerre d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique et sont reçus membres de la Société des Cincinnati fondée en 1783 par George Washington.

À la fin du XVIIIe siècle, ils servent dans les armées royales: un régiment de Roquefeuil est levé dans l’armée des Princes et trois Roquefeuil participent au débarquement de Quiberon. François de Roquefeuil, seul rescapé, est le bras droit de Cadoudal en Bretagne.

Au XIXe siècle Les Roquefeuil sont nombreux à servir dans l’armée de tous les régimes, du premier Empire au second en passant par ceux de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Vingt et un d’entre eux combattent en 1870.

Camille de Roquefeuil-Cahuzac, ancien officier de la Marine Royale, commandant le navire « le Bordelais » de l’armateur Balguérie de Bordeaux fait un tour du monde en trente-six mois (1816/1819: le premier tour du monde français après l’interruption de l’Empire) pour ouvrir de nouvelles voies commerciales à la métropole aquitaine. Le récit qu’il fait de son voyage est un « best-seller » de l’époque.

Amédée de Roquefeuil de Bars est député en 1849 et nombre de Roquefeuil sont des élus locaux.

Félix de Roquefeuil-Cahuzac, conseiller à la Cour des Comptes est avec Albert de Mun le principal dirigeant de l’œuvre des Cercles Catholiques Ouvriers et eut une réelle influence dans la conception de la doctrine sociale de l’Église catholique exprimée par l’encyclique « Rerum novarum ». Son fils Robert est le premier président de l’Association Catholique de la Jeunesse de France et est un des artisans du ralliement des catholiques à la République.

Au XXe siècle, ils continuent à fournir nombre d’élus locaux. La tradition militaire se perpétue également et plusieurs Roquefeuil sont tués au combat lors des deux conflits mondiaux puis au cours des guerres de décolonisation. Au début du XXIe siècle, trois d’entre eux atteignent simultanément le grade d’officier général: Jean-Melchior de Roquefeuil et du Bousquet est général de brigade de l’Armée de Terre, Pierre de Roquefeuil est contre-amiral et Henry de Roquefeuil est général de corps d’armée aérienne. La Maison de Roquefeuil Blanquefort compte en 2007 huit branches familiales (branches du Bousquet, d’Anduze, de Pradt, de Montpeyroux, d’Amber, de Bars, de La Bessière et de Cahuzac).

Enfin, contrairement à ce qu’ il a pu être prétendu du fait de la quasi homonymie du nom, il n’y a aucun lien de parenté prouvé entre les membres de la Maison de Roquefeuil Blanquefort et la Famille américaine des Rockefeller dont les origines sont connues en Allemagne (région du Palatinat) dés 1590.