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Notre chère doyenne de l’association Maison de Roquefeuil-Blanquefort, Jacqueline de Saint Bon (née Roquefeuil-Cahuzac – 1ère branche cadette) nous a quitté…
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Jacqueline de Saint-Bon, née de Roquefeuil-Cahuzac, était la fille d’Henry Maximilien (+) et de Catherine (+), petite-fille de Félix (+) et de Charlotte (+), le 12 février 2009. La cérémonie religieuse eut lieu le 16 février en l’église Saint-Antoine du Chesnay. Nous nous sommes procurés le texte de l’éloge que son fils Henri de Saint Bon a prononcé lors de sa messe d’à Dieu le 16 février 2009 en l’église Saint Antoine de Padoue au Chesnay.
« Hosanna in excelsis ! Depuis longtemps, ma chère maman, vous attendiez avec grande espérance le moment de rencontrer le Seigneur face à face. Il vous a accordé cette grâce dans votre 100e année. Hosanna in excelsis ! Vous rejoignez ainsi papa, Guy et Olivier. Peut-être allez-vous reprendre avec eux les parties de scrabble que vous affectionniez ! Vous retrouvez aussi votre sœur ainée religieuse, tante Titi. Votre vie a été exemplaire. Trois valeurs l’ont guidé : la France, la foi et la famille. Les trois F. Vous avez aimé viscéralement la France. Alors que vous veniez d’avoir 5 ans, vous avez participé, si j’ose dire, à la bataille et à la défense de Nancy menées victorieusement par le général de Castelnau en 1914. Vous avez été fille, belle-fille, épouse, mère, grand-mère, tante d’officiers d’active, et encore grand-mère de quatre officiers de réserve. L’armée était votre deuxième famille. Vous appréciez tant de vous replonger dans l’ambiance chaleureuse des réunions des membres de la promotion de St Cyr de papa et de la Koumia parmi lesquels vous comptiez nombre d’amis. Vous aimiez les prises d’armes avec leurs cérémonials. Vous avez vécu avec une passion souvent mal contenue les heurs et malheurs de notre pays. Les nombreuses années partagées avec papa au Maroc vous ont profondément enthousiasmée. Vous y avez vécu le rôle bienfaisant de la France dans ce Protectorat et vous pouviez témoigner des relations fortes d’estime, de confiance réciproque et d’amitié qui ont existé entre les Français et les Marocains, depuis votre arrivée dans ce pays en 1934 jusqu’au début des années 1950. Par la suite vous avez été écœurée par la manière dont cette œuvre magnifique a été déformée et salie. Pendant la guerre, vous avez souffert avec papa lorsqu’il a été blessé le 4 juin 1940 dans le combats d’Izor à la tête de sa compagnie, vous avez pleuré de rage lors de la débâcle de notre pays, vous avez cruellement subi l’exode de juin 40 au cours duquel vous avez pu, avec vos 3 filles aînées en très bas âge, franchir la Loire sur le dernier pont encore intact quelques minutes avant qu’il ne saute, – et vous y avez toujours vu la protection du St Esprit. Vous vous êtes enflammée lorsque papa s’est couvert de gloire au cours de ces magnifiques campagnes d’Italie et de France en 1944, et que la France a retrouvé sa fierté. Puis vous avez souffert de ce lent processus de dégradation culturelle et morale de notre pays et de sa perte d’influence dans le monde. Mais vous avez toujours pensé que l’avenir pouvait être meilleur et, voyant l’engagement et le dynamisme de tous vos petits enfants, vous avez placé votre confiance dans les générations futures. Maman, dois-je vous avouer que votre foi chrétienne à renverser les montagnes nous a véritablement tous profondément marqués et, en même temps, étonnés car jamais, nous a-t-il semblé, non jamais vous n’avez douté ! Quelle grâce ! Vous n’étiez pas pour rien la petite-fille de Félix de Roquefeuil. Votre grand père en effet, fut très proche collaborateur d’Albert de Mun et il participa avec lui très activement à la conception et à la formulation de la doctrine sociale de l’Eglise en liaison avec le pape Léon XIII qui, s’appuyant sur ces travaux, devait la développer et l’exprimer dans sa célèbre encyclique « Rerum novarum » du 15 mai 1891. C’est donc dans la continuité de cet héritage spirituel, que vous vous êtes engagée avec courage et détermination dans l’évangélisation. Vous avez été ainsi amenée, à l’instar de saint Paul que vous vénériez tant, à prendre des risques pour témoigner de votre foi. Aujourd’hui, vous avez rejoint au ciel le bébé musulman orphelin à l’agonie que vous avez baptisé, il y a peut-être 60 ou 70 ans, au fin fond du bled marocain en seule présence du Seigneur. Il est certes retourné au Père peu après, mais vous vous étiez promise de lui annoncer le Christ au cas où il aurait survécu. De même, rentrée en France et à l’heure – dont on se souvient – où nombre de clercs avaient délaissé un peu trop leur mission de sanctification pour s’engager dans du social à tous crins, vous avez, avec quelques autres personnes courageuses comme vous, maintenu la barre contre vents et marées et enseigné les vérités fondamentales de notre foi à de nombreux jeunes gens et jeunes filles de Versailles et des communes avoisinantes, dans le cadre d’une très solide formation chrétienne conforme au Magistère traditionnel de l’Eglise. Et ici même dans l’assistance sont unis dans la prière et sont venus vous exprimer leur reconnaissance plusieurs de ceux et celles que vous avez marqués de votre empreinte et qui maintenant, sur l’élan que vous leur avez impulsé, sont engagés dans leur paroisse ou dans les œuvres caritatives en union avec leur curé puisque cette période troublée est heureusement révolue. La famille a toujours tenu pour vous une place primordiale. Vous n’avez jamais connu votre mère, celle-ci étant décédée, alors que vous aviez 2 ans, à la naissance de votre sœur puinée qui ne survécut pas non plus. Votre père, officier de marine, tentait comme il le pouvait, de concilier ses responsabilités de père et ses impératifs de service, mais, pris par ses missions sur mer et à l’étranger, il n’était pas toujours à vos côtés, bien que l’on sente, en lisant les très nombreuses lettres et cartes postales qu’il vous envoyait des quatre coins du monde, combien il vous aimait et combien vous étiez en permanence présente dans ses pensées et dans ses prières. Vous avez donc été élevée chez les religieuses dans l’île de Jersey et « façonnée » par votre tante, la fameuse tante Zabeth à Nancy et par votre oncle Robert à Boucéel. Ayant ainsi souffert de votre état d’orpheline de mère lors de votre adolescence et de votre jeunesse, vous avez d’autant plus ressenti le besoin de développer une famille et de la souder. Vous resterez pour nous la rassembleuse, la fédératrice, l’unificatrice. Nous conserverons tous en mémoire ces merveilleuses et multiples réunions familiales avenue Debasseux. Nous nous retrouvions tous autour de vous, toutes générations confondues. Vous étiez la reine, vous aviez un mot, un sourire, une complicité, une attention délicate pour chacun de nous. Plus tard, les sourires remplis de tendresse, les regards pleins de bonté que vous nous avez adressés dans votre vieillesse, dans votre maladie lorsque nous venions vous voir nous ont dit combien vous étiez ragaillardie lorsque l’un d’entre nous était à votre chevet. Vous avez vécu avec chacun de nous, vous avez vécu pour chacun de nous, vous avez communié avec chacun de nous, vos 11 enfants et beaux-enfants, vos 28 petits-enfants, et vos 24 arrière-petits-enfants. Vous nous montriez de la sorte la valeur et la grandeur de la famille. Ainsi, maman, vous avez indiqué la voie à vos 63 descendants. Votre message est limpide : aimer sa patrie, approfondir et rayonner sa foi, rester soudés au sein de la famille. Nous comptons tous sur vous du haut du Ciel pour nous aider à honorer votre testament spirituel et à en être dignes. Reposez en paix, maman. Vous l’avez bien mérité. Merci et à Dieu maman. Hosanna in excelsis !
Henri de Saint Bon